Alors que la garde à vue des trois policiers qui ont tiré samedi à Paris sur un véhicule, tuant une jeune femme et blessant gravement le conducteur, s’est achevée sans mise en examen, les syndicats policiers estiment qu’ils ont réagi conformément aux règles d’intervention.
« Soulagés » pour leurs collègues qui sont sortis libres de garde à vue, ce mardi 7 juin, les responsables de syndicats de police reviennent sur les circonstances de l’affaire qui enflamme les débats politiques.
Pour Grégory Joron, le secrétaire général d’Unité SGP, « cette affaire n’est pas un simple refus d’obtempérer, mais une mise en danger de la vie de policiers. Ce n’est pas parce que le résultat de l’usage des armes est dramatique que cela en définit sa légitimité. Il est impossible de faire peser sur les épaules de ceux qui appliquent la loi le résultat de l’usage des armes, lorsqu’ils se sentent légitimes de pouvoir le faire. Dans le cas contraire, on mettrait les agents et ceux qu’ils doivent protéger en danger. »
Même tonalité chez Patrice Ribeiro, le secrétaire général du Syndicat Synergie Officiers, qui estime que « le fait que les trois policiers aient tiré sur la voiture démontre qu’ils se sont sentis en danger, alors même qu’aucun d’eux n’avait jamais utilisé leurs armes ». Pour le syndicaliste, « on a affaire à des voyous, des personnes sans permis, des trafiquants, qui n’ont pas intérêt à s’arrêter et qui parfois sont pris de panique ». Pour expliquer l’affaire de Paris, Patrice Ribeiro rappelle que la force peut être employée lorsque le danger est immédiat, concomitant à l’agression et la réponse « proportionnée ».
« On peut tirer dans les pneus sans les crever »
François Beriani, délégué Unité SGP, va plus loin dans le décryptage de ce qu’il s’est passé samedi dernier. « Ces policiers ont obéi aux consignes car il s’agit d’une riposte à un danger. On se demande pourquoi ils n’ont pas tiré dans les pneus du véhicule. Mais il faut savoir qu’aujourd’hui on peut tirer dans les pneus sans les crever. Et il y aurait en plus un risque que la balle ricoche sur la jante et touche un passant », explique le syndicaliste.
VIDÉO. Deux blessés graves lors d’un contrôle de police dans le XVIIIe arrondissement
Matthieu Valet, le porte-parole du syndicat indépendant des commissaires de police (SICP), estime que « les policiers ont affaire à des voyous qui ne les respectent pas et menacent leurs vies ». Il souligne que le ministère de l’Intérieur a relevé, en 2021, 14 261 chauffards qui ont refusé d’obtempérer en zone police et 12 000 en zone gendarmerie. « Cela démontre que ces malfaiteurs ne respectent plus l’autorité des policiers. Les fonctionnaires ont l’obligation de se protéger et de protéger leurs concitoyens. »