Une fois sa dette à la société payée, tout le monde peut se présenter aux élections législatives à moins d’être frappé d’une peine d’inéligibilité. Germain Gaiffe, aujourd’hui âgé de 55 ans, en est la preuve, il brigue le poste de député de la deuxième circonscription du Vaucluse. La circonscription est celle qui voit Stanislas Rigault, et sa suppléante Marion Maréchal se présenter. Mais nul doute que le quinquagénaire va faire parler de lui. En effet ce dernier a passé la bagatelle de 24 ans en prison ces dernières années, et est surnommé le « dépeceur de Montauban ». Comment ce dernier a-t-il pu se voir attribuer un tel surnom ?
Germain Gaiffe a été condamné en 1997 pour le meurtre sordide d’un homme d’affaires dans le Tarn-et-Garonne. Les jambes de la victime avaient été retrouvées dans la Garonne en janvier 1998 et le tronc décapité un an plus tard dans la rivière Tarn. L’enquête avait révélé que l’homme d’affaires assassiné travaillait avec le père du désormais candidat. Ce dernier lui reprochait les mauvais résultats de la société qu’ils codirigeaient, il envoie son fils et un autre homme lui « demander des comptes ». Lors du procès, Germain Gaiffe a toujours nié avoir découpé la victime, invoquant l’hypothèse d’une hélice de bateau et expliquait sa mort par une chute accidentelle.
Comble de l’ironie, ce dernier est marié avec Alfredo Stranieri, surnommé « le tueur aux petites annonces ». Un mariage célébré en 2013 avec pour témoins le terroriste Carlos et l’humoriste controversé Dieudonné. À l’époque, les jeunes mariés envisageaient d’adopter un codétenu, avait lancé un Dieudonné provocateur, déçu de n’avoir pu assister à la toute la cérémonie vêtu d’une robe de mariée… Décidément facétieux, le couple s’était aussi revendiqué dans des courriers la paternité de la fille de Rachida Dati.
« Personne d’autre que moi n’est plus légitime à être le représentant du peuple car moi, j’ai pris 30 ans au nom du peuple », défend celui qui est resté proche de Dieudonné (NDLR, il a coécrit plusieurs de ses spectacles) dans un entretien à La Provence.
« Ma candidature est plus sérieuse que le spectacle mal joué donné par les élus »
« Les gens ont le droit de m’en vouloir. Ils ont le droit de ne pas comprendre » affirme aussi l’ancien détenu. D’ailleurs ce projet n’est pas nouveau puisqu’ilavait déjà tenté de se présenter, en 2017, depuis sa cellule. Mais il n’avait pas eu l’autorisation de déposer sa candidature à la préfecture.
« Aujourd’hui, quand on m’incrimine, je m’en fous et en fait, ce casier judiciaire me permet justement d’êtrelibre de dénoncer le système. Aussi guignolesque que cela puisse paraître, ma candidature est plus sérieuse que le spectacle mal joué donné par les élus et ce malgré le budget qu’ils ont » a attaqué le candidat « sans étiquette » dans La Provence.
La première mesure qu’il défendra s’il est élu sera l’impossibilité pour une personne ayant un casier judiciaire de se présenter à une élection. « Je serai le premier à être destitué de mon mandat », ironise-t-il auprès du quotidien. Dans son programme électoral, il souhaite aussi organiser des débats citoyens, ou supprimer les partis politiques. Mais en tant que « spécialiste » de l’univers carcéral il a également plusieurs propositions iconoclastes : la première, respecter la dignité du détenu, puis l’envoi des mineurs dans un centre de légionnaires plutôt que l’emprisonnement, ou encore assimiler les dealers à des terroristes.