C’est désormais le pôle antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris qui va s’occuper de l’enlèvement de la petite Mia, en avril 2021 dans les Vosges. Le parquet de Nancy (Meurthe-et-Moselle) a annoncé ce jeudi que la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) se dessaisissait de l’affaire «en concertation avec le parquet national antiterroriste ».
« Il est en effet apparu (…) que ces agissements faisaient partie intĂ©grante du plan d’actions violentes du groupuscule d’ultra droite baptisĂ© DW Renversement visant l’État et ses reprĂ©sentations », a prĂ©cisĂ© le procureur de la RĂ©publique, François PĂ©rain, dans un communiquĂ©. L’objectif est en effet de joindre ces faits Ă ceux dĂ©jĂ instruits au pĂ´le antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris, considĂ©rant que les enlèvements d’enfants placĂ©s faisaient partie intĂ©grante du plan d’actions violentes » de ce groupuscule, a ajoutĂ© le Parquet national antiterroriste joint par l’AFP.
Mia, huit ans, avait été enlevée le 13 avril 2021 par sa mère aidée de trois hommes aux Poulières, un village des Vosges, où la petite fille vivait chez sa grand-mère. « L’opération de type militaire avait été extrêmement bien préparée », avait déclaré le magistrat nancéen le 18 avril 2021.
«L’Etat parle d’un enlèvement d’enfant. Alors qu’il s’agit de la restitution»
Lola Montemaggi, 28 ans, avait été interpellée le 18 avril à Sainte-Croix, en Suisse, où elle se trouvait en compagnie de sa fille. La jeune femme n’avait plus la garde de sa fille et n’avait plus le droit de la voir seule. Elle avait rejoint le mouvement des Gilets jaunes, puis des antivax et peu à peu elle a rencontré des conspirationnistes obsédés par les placements d’enfants.
A leur tête, Rémy Daillet-Wiedemann (DW), né en 1966, une figure de la sphère complotiste, réfugié en Malaisie. Dans un entretien qu’il avait accordé au Parisien-Aujourd’hui en France, il expliquait: « L’Etat parle d’un enlèvement d’enfant. Alors qu’il s’agit, au contraire, de la restitution d’un enfant à sa maman à la demande de cette dernière. Pour ma part, je n’ai pas eu de contact direct avec la maman de Mia, mais il est vrai que j’encourage vivement la restitution de tous les enfants kidnappés en France, c’est-à -dire placés de façon indue, en violation du droit. Il y en a, paraît-il, 57 000 chaque année. Donc, l’Etat kidnappe, puis nous accuse, nous, de commettre des enlèvements d’enfants. »
Rémy Daillet avait ensuite été mis en examen et écroué mi-juin notamment pour complicité d’enlèvement d’un mineur de 15 ans en bande organisée et association de malfaiteur en vue de commettre le crime d’enlèvement de mineur de quinze ans en bande organisée. Au total, onze personnes ont été mises en examen dans cette affaire.
Dans un communiqué publié ce jeudi, l’avocat de Rémy Daillet, Me Jean-Christophe Basson-Larbi déplore une décision qui fait passer l’affaire Mia « dans la justice d’exception et l’arbitraire en dépit du droit et des faits dans ce dossier ». « L’affaire Mia, qui nait de la détresse et la volonté d’une maman de récupérer sa fille, ne peut ni en droit ni en fait être qualifié de dossier terroriste », fustige l’avocat, déplorant un « dossier vide » et un « traitement de défaveur médiatique et judiciaire qui a fait de [Rémy Daillet] un coupable désigné avant même qu’il ne soit entendu ».
Quant à Lola Montemaggi, elle avait et mise en examen pour « enlèvement de mineur de 15 ans en bande organisée » et « soustraction de mineur par ascendant hors du territoire de la République » et remise en liberté sous contrôle judiciaire.