Douai – « Je l’ai déshabillée, violée », mais regardée, « pas vraiment »: avec la même froideur qu’il a opposé à ses victimes depuis le début de son procès, Dino Scala a admis jeudi le viol d’une adolescente, niant toutefois tout « repérage » anticipé.
‘ai peur. Mais j’ai trouvé la force de venir, pour que vous preniez le maximum« , lui crie Marine (prénom modifié), à la barre.
« Vous avez profité, que j’étais évanouie. Vous m’avez laissée inerte, à moitié dévêtue, par un temps froid. J’ai cru mourir. J’avais quinze ans et demi« , le défie-t-elle.
Poings serrés, elle « revit » la scène, ce matin glacial à Leval. Une agression par l’arrière, une main sur la bouche, et une phrase, « gravée dans sa tête« : « tais-toi, et avance« . Puis un chemin isolé menant à un champ. Le reste, « je ne m’en souviens pas« , j’ai peut-être « fait une amnésie« .
Quand elle « reprend ses esprits« , son pantalon est baissé, sa culotte arrachée. Son cartable un peu plus loin. Le sperme de Dino Scala sera retrouvé sur elle.
« Voulez-vous sortir, pendant qu’il raconte?« , demande le président. Hésitante, Marine titube, s’assoit et reste.
Lui relate, sans émotion. « Je suis arrivé par derrière. Je l’ai emmenée dans un champ, je l’ai déshabillée. Je l’ai violée, ça a été assez rapide, et puis je me suis sauvé« .
– « Au hasard » –
« Je me rends compte de la gravité des faits, hein. J’oublie rien monsieur le président, vous inquiétez pas« , assure l’accusé, qui comparaît pour des viols et agressions sexuelles commis sur 56 victimes, mais en conteste une partie.
Dans son parcours de violeur, c’est la « première » pénétration vaginale, observe le président, « vous allez de plus en plus loin« . « En effet. Je suis désolé. Et ça va pas s’arrêter, ça va aller même croissant« , avance-t-il, impassible.
Ce lieu, « c’est sur votre axe » pour aller au travail, à « proximité de votre domicile« , observe l’avocat général. Marine, elle, l’assure. « Je pense qu’il était parfaitement informé de nos faits et gestes« .
Dino Scala donne la même réponse que pour d’autres victimes entendues avant elle: « c’est le hasard. Elle était là au mauvais moment« . « J’ai pas le souvenir de repérages« .
Ainsi s il se réserve de reconnaître en avoir ciblé d’autres. Lesquelles: « on verra plus tard« .
A-t-il regardé Marine ? « Pas vraiment« . Il tente des « excuses« , se veut courtois.
« Je suis tolérante envers les policiers, qui au départ ne m’ont pas crue. Mais vous, vous ne méritez aucune empathie« , répond-elle.
– « Harcèlement téléphonique » .
Un peu plus tôt, il avait reconnu l’agression d’une autre adolescente, mais réfuté la qualification de « tentative de viol« . « J’ai pas souvenir » d’avoir soulevé sa jupe, avait-il dit.
Et comme souvent devant les enquêteurs ou la cour, il avait contesté certains détails accablants. Comme le fait de l’avoir abandonnée , inconsciente, au milieu des voies de chemin de fer. « Il n’avoue qu’à moitié« , regrettera cette victime, 17 ans au moment des faits.
Quant au « harcèlement téléphonique » qu’elle assure avoir vécu dès le lendemain de son agression. Et cela par « exactement la même voix« , qui menaçait de « +la finir+« , lui estime que « c’est pas possible« . « J’ai jamais téléphoné à aucune victime« .
Assurant avoir « évolué » depuis son arrestation, il a reconnu au cours de l’audience d’autres agressions sexuelles qu’il niait jusque là. Mais ses atermoiements irritent une victime quadragénaire, qui lui intime de « faire un effort: « nous, on se déshabille devant vous, on déballe notre vie privée », lui lance-t-elle.
« Je pense à mes victimes tous les jours. Ça va me poursuivre, jusqu’au bout« , répète-t-il, sans montrer aucune émotion.
« C’est un homme qui, de manière subliminale, va dire que ce qu’il fait +c’est pas bien+, puis de manière beaucoup plus appuyée, dire que lui, il est une victime« , avait estimé mardi l’enquêteur qui avait dirigé sa garde à vue.
« Puis il va vous dire des choses pour vous attendrir, vous emmener, peut-être, là où il veut« .