Le couple de députés a déposé une quadruple plainte pour «diffamation publique», «faux et usage de faux» et «usurpation d’identité». Une cinquième plainte pourrait bientôt être déposée.
C’est un fait rarissime : un journaliste se retourne contre sa propre source. Aziz Zemouri, auteur d’un article mettant en cause le couple de députés LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière, les accusant d’employer une femme de ménage algérienne en situation irrégulière, a déposé plainte mardi 28 juin pour «abus de confiance». Celle-ci vise non seulement l’ancien député UDI Jean-Christophe Lagarde, battu aux élections législatives par Raquel Garrido, mais aussi la source de la plume, l’ancien policier Anouar Bouhadjela, dit Noam Anouar.
Si le journaliste avait tout d’abord avancé qu’il était «convaincu de la véracité des faits», il s’était ensuite rétracté, affirmant, selon l’AFP, avoir été «manipulé».
«On essaye de faire de moi le coupable idéal»
Face à ces accusations, l’ex-policier des renseignements territoriaux a tenu à se défendre dans une vidéo de 17 minutes diffusée en direct sur Facebook mardi 28 juin, à 3h41 du matin. «On essaye de faire de moi le coupable idéal dans l’affaire Corbière-Garrido», s’est-il indigné, avant de donner sa version des faits, se présentant essentiellement comme un simple intermédiaire.
Du côté du couple, l’avocat de Raquel Garrido et d’Alexis Corbière, Me Xavier Sauvignet, a indiqué au Figaro avoir déposé deux plaintes pour «diffamation publique» avec constitution de partie civile contre le directeur de la publication du journal Le Point, Étienne Gernelle ainsi que contre l’auteur de l’article, Aziz Zemouri. Deux autres plaintes ont également été déposées contre X pour «faux et usage de faux» ainsi que pour «usurpation d’identité». Le pénaliste a par ailleurs indiqué qu’il souhaitait également déposer plainte contre le journaliste Aziz Zemouri pour avoir publié de faux échanges sur son compte Twitter.
«Concernant les faits de diffamation, il est très clair qu’une instruction va être ouverte, puisque c’est la procédure habituelle», a assuré au Figaro une source proche du dossier, glissant qu’il existe «plusieurs éléments qui montrent qu’une ou des infraction(s) aurai(en)t pu être commise(s)», avant de s’empresser d’ajouter qu’il «ne s’agit que d’hypothèses». Et celles-ci sont multiples. «Cela peut aller d’un journaliste qui a inventé de toutes pièces une histoire jusqu’à l’idée d’un complot fomenté par Jean-Christophe Lagarde. C’est dans cet éventail que se trouve la vérité. Au procureur de la République de Paris de faire la lumière là-dessus», ajoute-t-on. Contacté par Le Figaro, le parquet de Paris n’a toutefois pas donné suite à nos sollicitations.
Pour l’instant, aucune piste n’est donc à exclure. Interrogée mercredi matin par la journaliste Apolline de Malherbe sur RMC, Raquel Garrido a estimé que «le fait qu’il y ait une motivation politique derrière ce coup monté journalistique n’est pas à exclure». Avant les élections législatives, selon elle, son rival «Jean-Christophe Lagarde sentait qu’[elle était] en train de le battre». «Il y avait dans ma circonscription une envie de tourner la page par rapport à lui et il le savait. Et il est probable qu’il ait organisé cette machination», a-t-elle insisté. Interviewé sur BFMTV, son mari Alexis Corbière a de son côté fait savoir qu’il ne se «limiterait pas à une mauvaise action d’un journaliste isolé qui aurait ‘fondu un plomb’».
Dans un courrier adressé à ses lecteurs, Le Point a comparé les faits à un «accident industriel», conséquence d’un «enfumage à double détente». «Enfumage externe, d’abord. Des personnes ont vraisemblablement cherché à vendre une fausse histoire pour jeter le discrédit sur Raquel Garrido et Alexis Corbière», souligne le magazine. Concernant l’«enfumage interne», Le Point indique que le journaliste, «embarqué par une source qu’il estimait fiable», «ne disposait (…) ni des pièces ni des éléments qu’il a prétendu, auprès de sa hiérarchie, détenir». Et de préciser : «S’il avait dit la vérité sur les documents qu’il affirmait détenir et sur la manière dont il se les était procurés, son article n’aurait pas été publié». Le journal assure par ailleurs mener actuellement une contre-enquête en interne.