Le numéro deux de la police judiciaire de Bordeaux sera jugé par le tribunal correctionnel de Paris pour complicité de trafic de stupéfiants dans une enquête sur des soupçons de dérive de la lutte antidrogue. Au côté du commissaire Stéphane Lapeyre, seront jugés huit autres prévenus, dont un autre policier.
Le numéro deux de la police judiciaire de Bordeaux sera jugé par le tribunal correctionnel de Paris pour complicité de trafic de stupéfiants dans une enquête sur des soupçons de dérive de la lutte antidrogue, a indiqué vendredi une source judiciaire, confirmant une information de Libération. Au côté du commissaire Stéphane Lapeyre, seront jugés huit autres prévenus, dont un autre policier, lui aussi renvoyé depuis avril 2021 pour complicité de trafic de stupéfiants, selon cette source.
Accusé d’avoir monté une importation de cocaïne
Stéphane Lapeyre « est accusé d’avoir monté une importation de cocaïne pour faire du chiffre, avec l’aide de son subordonné et de plusieurs informateurs », lorsqu’il était encore chef de la division opérationnelle de l’OCRTIS (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants), écrit Libération. Contacté par l’AFP, son avocat Me Thibault de Montbrial n’a pas donné suite pour l’instant. L’avocate de l’autre policier, Me Anne-Laure Compoint, a indiqué ne pas souhaiter faire de commentaires.
Selon Libération, l’affaire a commencé en 2013 avec « une banale enquête sur un trafic de stupéfiants », au cours de laquelle des policiers vont mettre sur écoutes un homme « soupçonné d’importer de la cocaïne depuis la Guyane en envoyant la marchandise au fret de l’aéroport d’Orly ».
Interpellé, il évoque le rôle d’un homme dans « la sécurisation du passage en douanes ». Les enquêteurs découvriront ensuite que cet homme est un informateur de l’Office des stups qui a pour agents traitants M. Lapeyre et son subordonné.
Un dossier qui touche aux liens controversés entre policiers et « indics »
La cocaïne arrivait en France « grâce aux policiers des stups qui ont sollicité les douanes dans le cadre d’une livraison surveillée », technique policière qui consiste à laisser passer de la drogue aux frontières pour mieux démanteler les réseaux de revente, détaille le quotidien. Problème, cela n’a été mentionné nulle part en procédure. Cette affaire fait écho à l’enquête visant l’ex-patron de l’office anti-stups François Thierry mis en examen pour complicité de trafic de stupéfiants.
Ce dossier, touchant notamment aux liens controversés entre policiers et « indics », a ébranlé le système de lutte antidrogue et conduit au remplacement de l’Ocrtis (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants) par l’Ofast (Office anti-stupéfiants) en 2019.