Transports et dispositif de sécurité défaillants, fraude « inédite » à la billetterie, délinquance non maîtrisée : les principaux points du rapport d’enquête de la Délégation interministérielle aux grands événements sportifs (DGIES), sur les incidents du 28 mai au Stade de France.
Les vidéos de la SNCF et de la RATP ont aussi été détruites
Comme les bandes de vidéosurveillance du Stade de France, les images du RER B et du RER D ne pourront pas être exploitées par les enquêteurs.
Les deux organismes de transport ont indiqué au Parisien que les vidéos avaient été détruites.
« Le délai de conservation des vidéos des caméras de vidéoprotection est de 72 heures pour des raisons de stockage, explique la RATP, en charge de la ligne du métro 13. Sans réquisition judiciaire, elles sont écrasées automatiquement par les nouveaux enregistrements. Nous n’avons eu aucune réquisition. »
Dispositif de sécurité renforcé, mais vite dépassé
1 680 agents de sécurité étaient mobilisés par la Fédération française de football (FFF) pour la finale de la Ligue des champions Real Madrid-Liverpool, « soit +17% par comparaison avec la finale de la Coupe de France ». Côté forces de l’ordre, 6 800 policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers ont également été déployés, dont 1 300 au Stade de France.
Aux abords du stade, les points de pré-filtrage étaient « configurés comme habituellement, avec 10 lignes de palpations et 41 agents en mesure de traiter correctement un flux de 10 000 personnes », en provenance du RER D.
Mais ceux-ci étaient chargés d’un « double filtrage » : inspecter les supporters, leurs vêtements, leurs sacs, et contrôler « la validité des billets soit par des stylos chimiques, soit par des cartes électroniques ». Un système déjà testé avec succès pour la finale de la Coupe de France, « mais avec uniquement des billets électroniques et un faible risque de faux billets ».
Le 28 mai, il s’est rapidement révélé inefficace face à l’afflux massif de supporters. Le mouvement de grève sur le RER B avait en effet conduit à reporter une très grande partie des voyageurs vers le RER D, ce qui a créé des blocages « entre les sorties des transports et les points de pré-filtrage », faute notamment d’une signalisation adaptée, note Michel Cadot.
Fraude « inédite » à la billetterie
Selon la DGIES, « l’élément déclencheur principal résulte de la massification d’une foule de spectateurs sur l’espace public au niveau des points de pré-filtrage, spectateurs dont une part significative était démunie de billets ou munie de faux-billets. »
Cependant, le chiffre de 35 000 personnes sans billets valides autour du stade [avancée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin] est « à relativiser » car il correspond « à la déduction entre le volume total de personnes arrivées par tous moyens jusqu’au Stade de France et le nombre de spectateurs comptabilisés dans le stade ».
Selon un premier comptage, 2 589 billets inconnus ont été recensés par l’opérateur Orange. Trois billets ont spécifiquement été dupliqués des centaines de fois, « avec une bonne qualité de contrefaçon visuelle, sur un support cartonné », selon le document.
Réaction policière « disproportionnée »
Les blocages observés au pré-filtrage se sont reproduits au niveau des tripodes d’entrée, « empêchant les personnes en possession de billets valides de pouvoir entrer dans le stade », décrit-t-il.
A 18h30, face à un afflux important en provenance du RER D, le choix est fait d’ouvrir le barrage, pour éviter « des phénomènes d’écrasement » et « un bilan humain très grave, qui aurait conduit à annuler le match ».
La rupture du périmètre de sécurité permet alors l’intrusion de « délinquants dans le dispositif » puis « l’occupation de la partie sud du stade par plusieurs milliers de personnes sans billets ou munies de faux billets. » De nombreux vols avec violences sont alors constatés par les policiers.