Raphaël Goiset comparaît lundi devant la cour d’assises de la Haute-Garonne pour une tentative d’assassinat. Une histoire de dette sous fond de cocaïne avec un accusé ancien militant du Front National puis Gilet jaune. Et une victime, ex-adjoint de sécurité, mis à la porte de la police nationale à cause de son addiction à la poudre.
Quand un automobiliste a aperçu, au petit matin du 27 septembre 2019 un homme faire signe depuis un fossé au bord de la départementale sur la commune de Leguevin, la vie de cette victime tenait à un fil. Blessée par au moins 5 balles de 357 Magnum, cette force la nature avait réussi à se traîner à travers la forêt jusqu’à la route. Les secours, puis les médecins ont réussi à le sauver après plusieurs opérations.
Les gendarmes de la SR de Toulouse ont enfin pu entendre sur son lit d’hôpital ce Carcassonais de 1,95 m et 110 kg et ils ont vite compris ce qui s’était passé. Les militaires de l’antenne Gign n’ont pas tardé à interpeller dans une usine de Gimont, dans le Gers, Raphaël Goiset, aujourd’hui âgé de 35 ans. Il effectuait là-bas un de ses quatre emplois quotidiens, au presque. Croque-mort, serveur dans un restaurateur, intérimaire et commercial… Le tout saupoudré de pas mal de cocaïne sans doute pour tenir le coup et dormir, aux mieux 3 heures par nuit.
Obsédé par l’argent à rembourser
Cet homme arrivé à Toulouse début 2018 voulait « prendre un nouveau départ ». Ce choix avait été motivé par une rupture sentimentale difficile et son militantisme à l’extrême droite dans le Jura. Responsable des jeunes du FN entre 2014 et 2016, il n’avait pas que des amis à Clairvaux-les-lacs, entre Oyonnax et Besançon juste à côté de la Suisse. Il a donc traversé la France, aidé par ses parents et bien décidé à rembourser les 15 000 € prêtés pour ce nouveau départ. « Une vraie obsession chez lui », affirment ses avocats, Mes Joris Morer et Apollinaire Legros-Gimbert.
Cela expliquerait ses quatre emplois. Et son trafic de cocaïne ? L’accusé a reconnu en avoir vendu « à l’occasion ». C’est dans ce cadre qu’il a rencontré la victime, William, 36 ans. Cet ancien rugbyman de bon niveau se rêvait policier. Adjoint de sécurité à Paris, il a croisé la poudre blanche et a eu du mal à s’en défaire au point d’être mis à la porte par la police nationale. Il devait de l’argent à l’accusé. Lassé de réclamer, ce dernier l’a invité en forêt pour jouer les gardes du corps. C’est du moins ce que croyait la victime qui s’est vue réclamer les 1000 € impayés. C’est là qu’il a été grièvement blessé.
FN et Gilet jaune ? « Sans lien avec le dossier »
Un acte prémédité ? La justice le croit puisque Raphaël Goiset est renvoyé pour « tentative d’assassinat ». La défense va le contester. « Notre client est serein, prêt à s’expliquer devant la justice pour affronter ses responsabilités, préviennent Mes Morer et Legros-Gimbet. Mais s’il voulait récupérer son argent, jamais il n’avait imaginé exécuter la victime. Dans la nuit noire, il a passé son adversaire armé. Il a tiré… »
Une préméditation au centre des débats, comme la personnalité de l’accusé. Malgré son emploi du temps chargé, il a en effet aussi beaucoup milité avec les Gilets jaunes, devenant un temps porte-parole du mouvement toulousain avant que son passé d’extrême droite refasse surface. « Son engagement politique et social ne possède pas de lien avec l’affaire », estiment ses avocats.
Les débats sont prévus sur trois jours. Verdict attendu mercredi 15 juin. Selon le code pénal, l’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.