Isabelle Mesnage a été retrouvée morte le 3 juillet 1986 à la lisière d’un bois, alors qu’elle était partie randonner. Cette femme, qui avait alors 20 ans, avait été violée, étranglée et mutilée.
Jacques Rançon avait été condamné à 30 ans de réclusion en première instance par les assises de la Somme, mais cette condamnation était entachée d’une erreur de droit relevé par André Meykuchel: à l’époque des faits en 1986, ce quantum de peine n’existait pas et ne pouvait donc pas être prononcé en vertu de la non-rétroactivité de la loi.
«Les parents d’Isabelle Mesnage ont mené un combat de 35 ans. Le papa d’Isabelle voulait vraiment se battre pour sa fille», a réagi l’avocate de la famille, Me Herrmann, spécialiste des affaires non élucidées, qui avait relancé le dossier. «Il n’est jamais trop tard pour reprendre une affaire ancienne.»
«Pas un tueur en série»
Me Xavier Capelet, l’un des avocats de Jacques Rançon, s’est lui dit «pas vraiment surpris». «On a la sensation de ne pas avoir été réellement entendu», a-t-il ajouté, excluant un pourvoi en cassation. Jacques Rançon, déjà condamné en 2018 à la réclusion à perpétuité pour les viols et meurtres de deux femmes à Perpignan en 1997 et 1998, «est très dangereux», avait insisté André Meykuchel lors de ses réquisitions.
L’accusé, 62 ans, est selon lui «soucieux de son image» et «il ne souhaite pas être pris pour un tueur en série». Or, «un tueur en série, pour lui, c’est quelqu’un qui a tué trois fois», avait-il mis en avant, pour expliquer pourquoi l’ancien cariste-magasinier nie les faits. «Si vous le condamnez, vous prenez le risque de laisser un coupable dehors», avait de son côté conclu l’un des deux avocats de Jacques Rançon, Me Gérald Brivet-Galaup, au terme de son plaidoyer en faveur de l’acquittement.
Enquête relancée 25 ans après un non-lieu
Isabelle Mesnage, une jeune informaticienne de 20 ans partie randonner, avait été retrouvée morte. Ce fut le 3 juillet 1986 à la lisière d’un bois, à une douzaine de kilomètres d’Amiens. Après un non-lieu en 1992, l’enquête avait été relancée en 2017 quand Me Herrmann avait fait le lien entre Jacques Rançon, alors mis en cause pour des meurtres à Perpignan après l’identification de son ADN, et la mort de la jeune femme.
Une nouvelle autopsie d’Isabelle Mesnage avait confirmé de fortes similitudes avec le mode opératoire de Jacques Rançon. Il avait avoué en 2019 l’avoir violée et étranglée, puis avoir découpé son sexe et ses seins pour effacer son ADN. Il avait répété ses aveux devant le juge d’instruction, avant de se rétracter par courrier.