L’homme de 55 ans a été reconnu coupable fin septembre 2021 d’extorsion, exploitation sexuelle de mineur, enlèvement, trafic, corruption et travail forcé, sur une période allant de 1994 à 2018.
La star américaine déchue du R-B, R. Kelly, reconnue coupable en septembre 2021 à New York d’avoir dirigé pendant des années un « système » d’exploitation sexuelle de jeunes, dont des mineures, a été condamné ce mercredi à 30 ans de prison.
Il y a neuf mois, le procès du chanteur mondialement connu pour son tube « I Believe I Can Fly » avait été analysé, quatre ans après le début de l’ère #MeToo aux Etats-Unis, comme un révélateur des crimes sexuels dans la communauté afro-américaine.
Dans leur dernier réquisitoire, les procureurs du tribunal fédéral de Brooklyn réclament au moins 25 années de réclusion criminelle en raison du « danger » que représenterait R. Kelly, de son vrai nom Robert Kelly, pour ses victimes et pour l’opinion publique. Le parquet américain estime qu’il est « un impudent, un manipulateur, dans le contrôle et la coercition, ne montrant aucun signe de remords ou de respect de la loi ».
Durant les six semaines de procès en août et septembre derniers, le chanteur déchu avait été dépeint par l’accusation en « criminel, prédateur ».
Neuf femmes et deux hommes l’avaient accusé d’avoir abusé d’eux sexuellement, décrivant des viols, des prises de drogues forcées, des situations d’emprisonnement ou encore des faits de pédopornographie.
L’homme de 55 ans a été reconnu coupable fin septembre 2021 de tous les chefs d’inculpation : extorsion, exploitation sexuelle de mineur, enlèvement, trafic, corruption et travail forcé, sur une période allant de 1994 à 2018.
Des fans devenues des « proies »
R. Kelly a toujours nié les faits. Tout au long de son procès, l’ex-étoile afro-américaine du R-B était restée mutique, et n’avait pas manifesté d’émotion particulière à l’énoncé de sa culpabilité, se contentant de baisser la tête et de fermer les yeux.
Le procès avait mis au jour le « système » de R. Kelly pour attirer de très jeunes femmes et les agresser sexuellement, avec la complicité de son entourage, comme dans une sorte d’entreprise mafieuse, selon l’accusation. Nombre de victimes avaient raconté leur rencontre avec leur idole lors de concerts après lesquels on leur glissait un petit papier avec les coordonnées du chanteur. Il ferait quelque chose pour leur carrière musicale, leur promettait on.
Au lieu de cela, elles se faisaient « endoctriner » dans le milieu « sordide » de R. Kelly, étaient forcées à des rapports sexuels et maintenues dans ce « système » par des « mesures coercitives », selon l’accusation.
Six femmes ont été les principales accusatrices, dont certaines ont affirmé avoir été droguées pour être violées, enfermées quelques jours, forcées d’avorter et contaminées par des maladies sexuellement transmissibles.
Pour l’avocate Gloria Allred, qui représente trois des six plaignantes, le verdict contre R. Kelly – au lendemain des 20 ans de prison prononcés par le tribunal de Manhattan contre l’ex-mondaine britannique Ghislaine Maxwell pour trafic sexuel de mineures – doit servir d’exemple pour les célébrités qui se servent de leur « notoriété pour faire de leurs fans des proies ».