Une loi entrée en vigueur ce jeudi 2 juin en Belgique permet aux prostituées de sortir de l’illégalité. C’est le premier pays en Europe à dépénaliser ainsi la prostitution.
À l’avenir, en Belgique les prostituées (des femmes, dans une proportion de 95 %) auront les mêmes droits que les autres travailleurs indépendants, dont celui de bénéficier de la Sécurité sociale, du chômage, de l’accès aux soins, d’un congé maternité, etc. Et par ailleurs, « tous les tiers qui soutiennent leur activité ne peuvent plus être poursuivis, sauf en cas de profit anormal », souligne l’association Utsopi, qui milite depuis 2015 pour leurs droits.
« La décriminalisation est une excellente nouvelle, on ne pouvait pas rêver mieux », explique Marie, sa cofondatrice. Dorénavant, les propriétaires d’un logement qui hébergeait une activité de prostitution ne tomberont plus sous le coup de la loi, sauf s’ils réalisent des profits excessifs en réclamant des loyers supérieurs à la normale.
« Tout va changer, la vie des travailleurs du sexe va complètement changer, comme avoir une mutuelle… », continue Marie. Avoir des droits sociaux comme une pension, une assurance maladie, des congés payés, deviennent donc possibles. « Les gens pensaient toujours que la prostitution était légale en Belgique, mais non, elle était tolérée. Être toléré, c’est être dans une zone grise. Vous n’avez pas de droits. Avoir un compte en banque ou un prêt pour une voiture… il faut toujours mentir et demander à quelqu’un qu’il nous serve d’alibi. Il faut toujours vivre caché. C’était hyper compliqué », explique-t-elle sur RTL Info.
Réforme historique
La prostitution n’est donc plus criminalisée, en revanche le proxénétisme le reste. La prostitution reste aussi interdite pour les mineurs. Des dispositions sont introduites en matière de publicité sur la prostitution qui reste globalement interdite à quelques exceptions près.
« Il reste interdit de se livrer activement à la prostitution en rue », commente David Quinaux, porte-parole de la police de Charleroi, cité par Sud Presse. « Ce comportement est considéré comme un trouble à l’ordre public et, dès lors, si nous constatons pareille infraction, nous intervenons. » À savoir que la police procède à l’arrestation administrative de la prostituée qui, par son comportement, racole. Toutefois, aucune amende n’est infligée, une détention de plusieurs heures suffit en général comme sanction.
Cette réforme « historique veille à ce que les travailleurs du sexe ne soient plus stigmatisés, exploités et rendus dépendants des autres. La Belgique est le premier pays en Europe à dépénaliser le travail sexuel », conclut le ministre de la Justice belge