Ils pensaient se faire de l’argent facilement, mais le rêve a rapidement tourné au cauchemar pour deux adolescents à Marseille. Âgés de 16 ans, ils ont vécu un véritable calvaire.
Le 21 janvier dernier, Issa et Hakim* se rendent dans la cité marseillaise de Frais-Vallon qu’ils ne connaissent absolument pas. « Deux jeunes dont on ne sait que peu de choses en réalité, si ce n’est qu’ils ne sont pas d’ici », rapportent nos confrères de La Provence.
Sur une plateforme, ils sont tombés sur une annonce. L’offre est alléchante pour ces deux jeunes de 16 ans: 100 euros la journée pour guetter une éventuelle descente des forces de l’ordre dans l’une des places fortes du deal de Marseille.
Beaucoup de jeunes mineurs sont recrutés dans les réseaux de drogues pour effectuer cette tâche qui ne demande que patience et vigilance. En cas d’intrusion, il leur suffit de crier « araah » pour prévenir leurs collègues et de déguerpir aussi vite que possible. Une main-d’œuvre qui a l’avantage d’être facilement contrôlable au vu de leur jeune âge.
UN TROU DE 500 EUROS
Peu de temps après leur prise de poste, 500 euros disparaissent de la caisse… Issa et Hakim sont rapidement incriminés. Plus tard, un des acteurs du dossier lors d’un interrogatoire, raconte aux enquêteurs que les deux adolescents ont « tenté de voler une boule de cocaïne et de s’enfuir ».
Les guetteurs sont alors « punis ». Ils seront surveillés et devront travailler plus et gratuitement. S’ils se montrent peu dociles, on les frappera à coups de barre de fer, de poing ou de pied. Issa et Hakim diront même qu’ils ont été forcés de danser nus devant leurs bourreaux.
Ils cherchent à fuir.
« JE SUIS SÉQUESTRÉ, APPELEZ LA POLICE »
Pris au piège, battus et humiliés, Issa et Hakim ont une idée, ils glissent discrètement dans les mains des clients des bouts de papiers sur lesquels il est écrit: « Je suis séquestré, appelez la police ». Elle ne viendra jamais.
Les adolescents décident de prendre la fuite. Poursuivis, ils se jettent dans le vide pour échapper à leurs geôliers. Bien que blessé, Hakim n’est pas rattrapé, tandis qu’Issa qui a la jambe cassée, se fait enfermer dans une cave.
« GUANTANAMO »
Dans ce vase clos, on lui fera vivre un véritable calvaire. Il sera poignardé à l’épaule, battu à nouveau avec des barres de fer et de pioche, on appuie là où ça fait mal, sur sa jambe fracturée.
Et d’autres sévices plus insupportables encore s’en suivront. Il explique avoir été aspergé d’essence, tandis qu’un homme lui faisait miroiter la mort, un briquet allumé en main. Il sera aussi violé avec un bout de bois.
Hakim ayant réussi à s’enfuir, les membres de réseau savent que ce n’est qu’une question de temps avant que les forces de l’ordre ne débarquent. Pourquoi ne pas tirer profit de la situation pendant qu’il est encore temps se disent-ils sûrement. Ils appellent le père de la victime et lui demandent 2.000 euros de rançon. Sans cet argent, son fils ne sera pas libéré.
Le 24 janvier, le père de famille s’exécute mais personne ne viendra au rendez-vous. Le jeune a été retrouvé, mais dans un sale état. « Ils pensaient faire de l’argent facilement, ils se sont retrouvés à Guantanomo » a confié une source policière à La Provence.
DES SUSPECTS MIS EN EXAMEN
La cave dans laquelle ont été commises les atrocités est localisée. A l’intérieur, selon les informations obtenues par nos confrères, « plusieurs objets supportant des traces rougeâtres, dont un drap ensanglanté et des bouts de bois susceptibles d’avoir été utilisés pour violenter la victime » ont été retrouvés. Ainsi que des traces d’ADN.
Des suspects, âgés d’une vingtaine d’années, ont été mis en examen pour « enlèvement, séquestrations ou détention arbitraire d’otages, viol sur mineur et violences aggravées ».
Trois individus ont été écroués et un quatrième placé sous contrôle judiciaire.
*Leur prénom ont été modifiés.