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Éric Dupond-Moretti soutient la création d’un parquet spécialisé contre la criminalité organisée.
Vers la création d’un Parquet national anticriminalité organisée : l’initiative controversée d’Éric Dupond-Moretti
Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a annoncé son soutien à la création d’un Parquet national dédié à la lutte contre les crimes organisés dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic, une décision qui pourrait redéfinir la stratégie judiciaire en réponse à la montée inquiétante de la criminalité organisée.
Une réponse à l’ampleur du phénomène
Depuis plusieurs mois, les autorités judiciaires et policières constatent une intensification des violences liées au trafic de drogues, en particulier dans les principales métropoles françaises. De nombreuses fusillades, règlements de comptes et autres incidents violents, en particulier dans le sud du pays, ont rendu la situation de plus en plus critique. Le ministre de la Justice a explicitement évoqué ces facteurs comme étant à l’origine de sa proposition.
« Ces affaires touchent toute la société. Il est de notre devoir d’offrir les moyens adéquats à ceux qui luttent contre cette criminalité. La création de ce parquet renforcerait la cohésion et l’efficacité de nos réponses judiciaires », a déclaré Éric Dupond-Moretti lors d’une intervention au Sénat.
Le modèle du Parquet national antiterroriste (PNAT)
Une des principales motivations derrière cette initiative est l’adaptation de la lutte contre le crime organisé sur le modèle du Parquet national antiterroriste (PNAT), qui s’est montré efficace dans le cadre des affaires de terrorisme. En centralisant les dossiers et en concentrant les ressources dans un seul organe judiciaire spécialisé, le ministre espère obtenir des résultats similaires contre le narcotrafic.
« L’idée est d’avoir une approche uniforme et cohérente. Comme pour le terrorisme, le crime organisé nécessite une expertise pointue et des moyens conséquents », a-t-il justifié.
Le Parquet national anticriminalité organisée aurait ainsi pour mission de traiter les affaires relatives aux plus grosses organisations de trafic de stupéfiants, qui gangrènent certaines régions françaises. Les antennes locales de la police judiciaire, ainsi que les services de la gendarmerie spécialisée, seraient mobilisées pour assister cette nouvelle entité.
Des avis partagés parmi les observateurs
Cependant, l’annonce du ministre suscite déjà des réactions mitigées. Si certains saluent l’ambition du projet, d’autres s’interrogent sur sa faisabilité et son impact réel sur l’écosystème judiciaire existant.
Pour certains magistrats, ce projet pourrait entraîner une surcharge des dossiers au sein d’une juridiction déjà fort sollicitée. Le syndicat de la magistrature, par exemple, a estimé que ce type de réforme pourrait souffrir des mêmes écueils que d’autres initiatives passées : « Si les moyens ne suivent pas, ces annonces resteront avant tout symboliques et n’apporteront pas les effets escomptés face à un phénomène aussi massif que le narcotrafic », a commenté une magistrate, sous couvert d’anonymat.
Un stimulant pour la lutte contre les trafics ?
Reste que la réalité du terrain pousse à accorder une attention plus soutenue à cette problématique. À Marseille ou à Lyon, des réseaux extrêmement violents se disputent des parts de marché, entraînant une escalade des règlements de comptes, souvent mortels. Ce projet pourrait ainsi donner un coup de fouet à la répression judiciaire des grands réseaux criminels.
D’autres experts avancent qu’une telle organisation centrale permettrait d’harmoniser les procédures, notamment dans le traitement des actes délictueux complexes, où plusieurs juridictions locales se mêlent parfois aux affaires sans concertation. Il n’est pas rare de voir, par exemple, des affaires de stupéfiants mêler trafic, blanchiment, voire proxénétisme, rendant le traitement fragmenté.
Mesures complémentaires à la création du Parquet national
Parallèlement à cette réforme, d’autres actions seront examinées dans le cadre de la refonte de la stratégie de lutte contre la criminalité organisée. Parmi celles-ci, Éric Dupond-Moretti a évoqué la nécessité de renforcer la coopération internationale, en soulignant l’importance des accords bilatéraux avec les pays